La brève pas si brève!

papyvelo Lun 8 Jan - 14:57

Madame le Maire termine son discours. Comme toujours, elle félicite le Président pour le bon déroulement codifié de la manifestation, bilan des activités, bilan moral, bilan financier, bilan de ceci, bilan de cela, rien n’y manquait. La prestation était tellement remarquable et teintée d’humour qu’elle envisage, pour les années prochaines, de se faire accompagner de représentants d’associations rouvroysiennes qui pourraient, comme les collégiens en stage d’observation, s’inspirer d’une leçon-modèle. Elle nous confie qu’elle a décommandé un repas familial pour pouvoir assister au « spectacle ». Les conseillers qui l’accompagnent confirment de hochements de la tête.
Alors qu’ils se dirigent vers la sortie nous échangeons sur le moment d’émotion que J.F nous a fait partager. Bel exemple d’amitié cimenté dans la pratique d’une passion commune. Que dire de ces hommes et femme qui, sous l’apparence de personnes ordinaires, réalisent des exploits extraordinaires : l’étape du Tour, plus de 4000 m de dénivelé, Paris-Brest-Paris ! des gens qui font, dans l’année, plus de km à vélo que moi en voiture.
Des verres ! ah ! on va boire un coup. Des serviettes de table ! ah ! on va manger. À peine le temps d’échanger avec mon voisin qui a troqué son casque vélo pour une casquette élégante que voilà un serveur tout sourire qui remplit mon verre. Une lueur complice dans les yeux que je traduis par : Tu te souviens ? Paris-Roubaix 89 ? Non, copain, je n’ai pas oublié, mais je n’ai pas suivi ton conseil : Garde donc tes forces pour quand tu seras vieux ! me répétais-tu régulièrement. J’ai cru que tu plaisantais, que c’était bon pour les autres, que moi, j’échapperais à la règle. Et bien non ! t’avais raison ! au fil des ans, nos forces nous quittent.
Mais je parle, je parle enfin j’écris, j’écris et je te fatigue peut-être, toi lecteur ou toi lectrice. Si tu veux, tu peux t’arrêter là et finir demain. Tiens, je te mets un repère, un sapin ? ça te va ?

Bon, t’es en forme pour continuer ? excuse-moi si je parle la bouche pleine, mais j’adore la galette frangipane. Eveline le sait, alors elle m’a donné son morceau. Eveline, c’est ma femme, ma douce, ma tendre, 61 ans de mariage, ça te dit rien ? On s'aime encore comme au premier jour, enfin! disons le deuxième! ~~Et on fait encore ....~~ Ah! ça elle veut pas que je le dise. Dommage, c'est tellement bon. Là, elle bavarde avec ses copines. Elles ne font plus de vélo, mais elles marchent ensemble 2 fois par semaine. J’en profite pour discuter avec R. Il est venu avec sa femme qu’il me présente et ses enfants qui échangent avec d’autres les fèves et les couronnes qu’ils ont réussi à récupérer. Le club c’est comme une famille en somme, une grande famille au sein de laquelle on se sent bien.
Excuse-moi, je fais un petit signe à M. Je ne l’avais pas reconnue dans sa toilette civile. Qu’est-ce qu’elle est élégante ! On roulait souvent ensemble et … mais je m’égare et je vais encore faire trop long. Eveline, ma tendre, ma douce ma … je te l’ai déjà dit ? elle me reproche souvent d’être un taiseux. C’est vrai que de ma bouche sortent peu de mots, mais sous ma plume !!! j’te dis pas.
Tu veux t’arrêter et que j’te remette un p’tit smiley ? Voilà, c’est fait.
À d’main !

On s’était dit avec Eveline, ma tendre, ma … enfin ! tu sais quoi, qu’on resterait pas longtemps, mais on se sent si bien avec eux tous, les anciens et pis aussi les nouviaux qui savent sourire et donner des tapes dans l’dos. J’aurais jamais cru ça quand nous avons créé le club. On était une quinzaine, on savait pas comment faire, mais on était volontaires et pis, on voulait imiter Sallaumines, notre modèle en c’temps-là. Ch’facteur m’approuve de la tête, c’est lui qui nous recrutait des sponsors en faisant sa tournée. On faisait nos réunions de bureau dans une classe de mon école, mais cha, faut pas l’dire.
Cha va ? ch’est pas trop long ? patiente, j’ai bientôt fini.
V’là S qui s’assoit en face de moi. Un sou c’est un sou. Maintenant, après avoir écouté le bilan financier, on sait où vont nos sous. Nos cotisations, l’aide de nos sponsors, le produit de notre travail lors des activités que nous organisons profitent à tous et c’est ce que nous avions voulu à la création du club. On se félicite de constater qu’il en est toujours de même.
Y a quelqu’un qui m’pousse dans l’dos. Ouah ! ils rangent les tables et les chaises dans la bonne humeur. On n’a pas l’impression qu’ils courbent l’échine devant un quelconque dictateur. Ils le font bénévolement et avec plaisir. Pour le club, pour leur club ! Y a V qui pousse un grand balai d’au moins 1 mètre de large. Eveline me dit : J’parie qu’il fait même pas à s’maison !
Faudra que j’demande à s’femme.
Là, je pense qu’il est temps de quitter les lieux. À regrets, c’est sûr, mais avec l’assurance d’avoir confié notre bébé dans de bonnes mains.
C'était l'un de ces moments où, à l'instant où tu les vis, tu te dis qu'ils resteront inoubliables.
Ch’coup chi, j’ai fini. Pas la peine d’mettre un tchiot vélo, j’en ai déjà un dans la tête.

Pierre Sam 13 Jan - 11:58

Oui oui, pas si brève...
Quelle belle analyse par notre président fondateur!

La brève pas si brève!

La brève pas si brève!

Re: La brève pas si brève!