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Vous savez rouler à vélo, j'espère ?

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Vous savez rouler à vélo, j'espère ? Empty Vous savez rouler à vélo, j'espère ?

Message  l'allongé Lun 25 Jan - 11:07

Titre : Les polonais du Vert Tilleul                Edition  Champs-élysées- Deauville.

Auteur : Christian Doué, né à Fouquières les Lens en 1952, érudit en histoire et en humanité.

Résumé : Dans le nord de la France en reconstruction depuis la fin de la première guerre mondiale, des polonais sont embauchés dans les mines et les campagnes artésiennes. C'est suivant les sources, entre 200 et 400 000 émigrés, voire davantage, qui gagnèrent notre pays. Des milliers de déracinés qui durent s'acclimater à une contrée aux moeurs, aux coutumes souvent éloignés des leurs.
En 1924, trois frères, les Gorski, se retrouvent ainsi dans la femme de Charles Chopin situé dans un village près de Lens, à proximité des mines. Sous l'oeil curieux, souvent suspicieux, parfois hostile, des voisins, petit à petit, ils trouvent leur place. Tout semble pour le mieux jusqu'au jour où débarque Marianna, une jeune polonaise, venue elle aussi pour aider à la ferme.

Extraits

Chapitre 8

Nous approchions du printemps et nous étions à Baillencourt (*) depuis plus de neuf mois. Au repas, ce dimanche-là, Franek, notre porte-parole, osa aborder le point qui nous tarabuscait tous les trois :
« Patron, on voudrait savoir si c'st pas possible d'aller voir notre cousin. Vous le connaissez, c'est Jozef.
Et pour quoi faire ? Répondit , bourru, un Charles sur la défensive.
ça fait longtemps qu'on est ici et on n'a pas pu le remercier. C'est grâce à lui si on est là.
Et lui, il peut pas venir ?
Je ne sais pas.
T'est sûr que c'est pour le cousin ? Ce n'est pas pour aller vous saouler dans les bistrots des mines ?
Non, patron ! Et puis aussi, parler polonais, ça nous manque. Je veux dire parler avec d'autres... que nous. On voudrait avoir des nouvelles des autres, de la Pologne. On ne sait plus rien ici.
Mais bon sang, tu travailles pas dans un bureau. Tu sais bien que les vaches, elles savent pas qu'on est dimanche. Y faut s'en occuper.
On pourrait aller faire un tour en fin d''après-midi, continua-t-il très poliment.
Bon, d'accord, dit-il après un temps et s'être frotté la barbe dure du menton, signe chez lui d'une intense réflexion, mais uniquement quand ce ne sera pas gênant pour le boulot. Vous pourrez aller vous balader. Disons l'après-midi. Mais attention, hein, on est le lundi à pied d'oeuvre, gueule de bois ou pas ! Qui sait s'amuser sait « ouvrer » !
Bien sûr, patron s'empressa Franek qui ne s'attendait pas à ce que nous soyons libérés si tôt.
Et pour pas que vous perdiez trop votre temps sur la route, vous pouvez prendre les vélos dans la remise. Vous savez rouler à vélo, j'espère ?
Oui patron.
Il y en a deux. Le gamin n'a qu'à se mettre sur la barre. »

…/...

Une affiche, dans le bistrot, annonçait une soirée à Sallaumines au lieu-dit « l'Epinette ». Mes frères enfourchèrent leur vélo. J'étais assis à l'arrière, les pieds ballants, de chaque côté de l'engin et, vogue la galère, pour le bal.
Accordéons, violons, clarinettes et polkas endiablés.
C'était un bal polonais. Sur la gauche du vaste comptoir, on vendait les cornichons et ees filets de harengs marinés avec des oignons, « le » remède radical, quand les ventres alertaient eurs propriétaires de la nécessité d'agir d'urgence avant qu'une catastrophe ne se produise.

Chapitre 9
Charles sortit et aida Chien-Mort à atteler la charrette pour le marché d'Arras du samedi.
…/...
Oh ce n'était pas le marché de Billy-Montigny dans les Mines,  un des plus réputés de la région et le plus vaste. Là, on y gagnait bien sa vie d'autant que les mineurs payaient bien les volailles vivantes dont ils peuplaient leur poulailler. Le beurre, rare, était cher. Vingt francs le kilo ! Par comparaison, un homme daffecté au déblaiement des gravats percevait 14 francs par jour.

(*) L'auteur a donné le nom de Baillancourt au village fictif dans lequel il situe son histoire ; en fait, il pourrait s'agir de Rouvroy ou d'Acheville.

_________________
Qu'est-ce, en effet, le plus souvent, que ce prétendu bon sens ?  Rien d'autre qu'un composé de postulats irraisonnés et d'expériences hâtivement généralisées.  Marc Bloch, historien
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