Les coureurs ressentent très fortement le besoin des autres pour se construire

Titre : Besoin de vélo    Récits
Auteur : Paul Fournel
Edition : Points      www.lecerclepoints.com

On se régale en lisant ces « fragments d'autobiographie » d'un cycliste chevronné maniant aussi bien la plume que le vélo !

Quelques extraits ;

Paysages
Contrairement à ce qui se passe lorsque je suis en voiture, où le paysage se donne à voir et pas à « être », à vélo je suis assis dedans.
Il y a dans le vélo une relation animale au monde : les montagnes que l'on voit sont à escalader, les vallées sont à dévalru, les ombres sont faites opour se dissimuler et our s'étendre. Etre dans le paysage, dans sa chaleur, dans la plulie, dans son vent, c'est le voir avec d'autres yeux, c'est l'imprégner en soi d'uen façon instinctive et profonde. La montagene qui se dresse devant moi n'est pas une montagne, elle est d'abord une côte à gravir, une épreuve, un doute, une inquiétude, parfois. Au sommet, elle est une conquête, une légèreté. Je l'ai prise et elle est en moi.

Les amis
J'ai des amis cyclistes que je ne vois qu'à vélo – je ne les connais pas en costume cravate. J'ai des amis cyclistes que je vois tout le temps. Nous formons une bande, un petit peloton, une échappée à géométrie variable. Certains matins nous sommes deux, d'autres nous sommes douze, perdus dans un océan de quatre mille cyclistes.
Un groupe de copains à vélo est presque toujours un groupe de niveau. Il faut avaoir une vraie complicité physique pour rouler bien ensemble. Il ne s'agit pas d'être tous semblables ou tous de force égale, il faut simplement que chacun puir apporter quelque chose à l'ensemble.
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et pour constituer in bon groupe , il faut chacun puisse à l fois faire mal à tous les autres et, en toute circonstances, suivre le train, même en serrant les dents. Un trop rapide ne fera progresser personne et s'épuisera à attendre dans les bosses. Un trop lent s'écoeurera à rouler derrière le groupe en chasse-patates. Les petits groupes cyclistes que j'ai connus se sont équilibrés naturellement autour de leur objectif profond, qui est de se régaler en pédalant ensemble.
Le régal se conjugue de plusieurs manières. C'est d'abord le plaisir deu partage des jolies choses du vélo, les choses vues, les choses senties, l'effort, la chaleur. C'est aussi l'envie commune de partir, de sortir – seul on resterait peut-être au lit, on s'inventerait des choses  à faire, on hésiterait devant le ciel taché. C'est également le bonheur de se tirer la bourre comme des galopins. Accélérer pour voir est dans la nature du cycliste. Le vélo porter en lui la liberté de la course,. Même seul je me tire la bourre. Si je me sens bien, j'accélère. Si je me sens toujours bien, j'accélère encore, jusqu'à ce que je me sente moins bien.
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Ces petites accélérations des uns et des autres que l'on peut souivre sont un cadeau fait à votre forme. Elles vous rendent meilleur, même si vous êtes vexé de vous faire taper – chez moi ce genre de vexation ne dure jamais plus de cinq secondes. C'est une discipline.

Les autres

L'enfer, c'est le rythme des autres.
Lorsque la décision d'accélérer ou de ralentir ne vous appartient plus, vous êtes un autre cycliste. …/... Vous expérimentez en petite dimension la difficulté de la course cycliste.
On a toujours intérêt à bien connaître ses compagnons de route si l'on ne veut pas passer par la fenêtre.
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Les coureurs ressentent très fortement le besoin des autres pour se construire. C'est exactement ce qu'ils disent lorsqu'ils avouent « manquer de compétition ».