Délation
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Délation
Ce jeudi-là, il ne l’a pas désigné du doigt, il n’a même pas prononcé son nom … il l’a embrassé. Sa trahison était encore plus vile. Pour trente pièces d’argent !!! Il a baissé la tête quand Jésus est passé devant lui, encadré des soldats romains.
Que dire des catholiques qui, en 1551, pour avoir dénoncé un protestant, recevaient le tiers des biens du condamné.
Au cours de la révolution française, des milliers de lettres arrivaient au Comité de sûreté générale pour dénoncer des suspects qui ne correspondaient pas aux critères de « bon citoyen ».
Pendant la seconde guerre mondiale, des milliers de lettres de dénonciation sont envoyées aux préfets, à la police, à la kommandantur, pour désigner des familles juives, des gens qui les hébergent ou qui aident des résistants.
Aujourd’hui, une affichette au bas de l’immeuble. Nous ne voulons plus de vous. Quittez votre appartement, ne venez pas nous polluer, nous et nos enfants. Je vous coupe l’eau, l’électricité, je fais du bruit à pas d’heures, je vous pourris la vie.
Derrière chaque dénonciation se cache la recherche d’un intérêt personnel.
Le temps passe, mais rien ne change.
Que dire des catholiques qui, en 1551, pour avoir dénoncé un protestant, recevaient le tiers des biens du condamné.
Au cours de la révolution française, des milliers de lettres arrivaient au Comité de sûreté générale pour dénoncer des suspects qui ne correspondaient pas aux critères de « bon citoyen ».
Pendant la seconde guerre mondiale, des milliers de lettres de dénonciation sont envoyées aux préfets, à la police, à la kommandantur, pour désigner des familles juives, des gens qui les hébergent ou qui aident des résistants.
Aujourd’hui, une affichette au bas de l’immeuble. Nous ne voulons plus de vous. Quittez votre appartement, ne venez pas nous polluer, nous et nos enfants. Je vous coupe l’eau, l’électricité, je fais du bruit à pas d’heures, je vous pourris la vie.
Derrière chaque dénonciation se cache la recherche d’un intérêt personnel.
Le temps passe, mais rien ne change.
papyvelo- Admin
- Messages : 746
Date d'inscription : 21/03/2010
Age : 85
ça devrait être dénoncé !
Merci Serge d'aborder ce genre de question à caractère philosophique et... pratique aussi car la délation connaît un regain d'activité semble-t-il en ce moment ; en gros, la police reçoit quantité de messages disant que telle(s) ou telle(s) personne(s) ne respectent pas les mesures de confinement .
Hier, à la télé , ce sujet d'actualité était rapidement abordé ; j'ai entendu un philosophe qui distinguait deux cas,
- premier cas : le délateur veut nuire à un tiers par jalousie et/ou recherche un intérêt personnel, beurk !
- deuxième cas : quand il le fait par "civisme" en constatant que l'intérêt commun est menacé et qu'il dénonce pour le défendre ! Hip Hip Hip, Hourra !
ça paraît simple, le critère semble opérationnel mais , personnellement, je pense que la frontière entre les deux motivations , la première, fustigée, excécrable... et la deuxième plutôt "bien vue" risque d'être :
- souvent floue parce que le délateur peut conjuguer les deux motivations, de façon plus ou moins consciente ; Par exemple, quand je dénonce mon voisin qui fraude l'impôt, quelle est la part de jalousie, quelle est la part de civisme ?
- difficile à percevoir parce que le délateur aura souvent tendance à mettre en avant le souci du commun et à masquer l'intérêt personnel visé. Le commerçant qui dénonce son concurrent chez qui la belle mère travaille au noir ne va dire que c'est pour des raisons personnelles mais évoquer le manque à gagner pour l'état ou la pour la sécurité sociale.
J'entends parfois une personne dire "ça devrait être dénoncé !" ; ça veut dire qu'elle ne le fera pas, elle met un "point d'honneur" à ne pas dénoncer, même si la colère repose sur le sens du collectif !
En France, les mots "délation", "dénonciation" sont chargés négativement , probablement à cause de ce qu'il s'est passé pendant la deuxième guerre mondiale ; dénonciation des communistes, des juifs, des résistants ... auprès des occupants, de la police française ou de la gendarmerie nationale ...
Dénonciation ! Est ce que les nouvelles générations vont conserver cette aversion pour le mot et le geste ? On voit par exemple de temps en temps des panneaux "Voisins Vigilants" à l'entrée de petites communes... je doute que c'était un truc possible dans les années 60-70...
Paraît que dans d'autres pays , en Suisse notamment, la "dénonciation" n'a pas ce côté péjoratif, au contraire ! On n'hésite pas à dénoncer son voisin s' il tond sa pelouse en dehors des jours et heures autorisés ou s'il démonter le FAP de sa voiture pour pouvoir rouler à l'économie par exemple...Faut dire qu'en 39-45, la suisse était neutre, ceci explique peut-être cela ?
P.S. y'a des comportements encore plus inquiétants en ce moment, des gens exerçant une profession de santé reçoivent des menaces anonymes de la part de gens habitants dans le même immeuble...
Hier, à la télé , ce sujet d'actualité était rapidement abordé ; j'ai entendu un philosophe qui distinguait deux cas,
- premier cas : le délateur veut nuire à un tiers par jalousie et/ou recherche un intérêt personnel, beurk !
- deuxième cas : quand il le fait par "civisme" en constatant que l'intérêt commun est menacé et qu'il dénonce pour le défendre ! Hip Hip Hip, Hourra !
ça paraît simple, le critère semble opérationnel mais , personnellement, je pense que la frontière entre les deux motivations , la première, fustigée, excécrable... et la deuxième plutôt "bien vue" risque d'être :
- souvent floue parce que le délateur peut conjuguer les deux motivations, de façon plus ou moins consciente ; Par exemple, quand je dénonce mon voisin qui fraude l'impôt, quelle est la part de jalousie, quelle est la part de civisme ?
- difficile à percevoir parce que le délateur aura souvent tendance à mettre en avant le souci du commun et à masquer l'intérêt personnel visé. Le commerçant qui dénonce son concurrent chez qui la belle mère travaille au noir ne va dire que c'est pour des raisons personnelles mais évoquer le manque à gagner pour l'état ou la pour la sécurité sociale.
J'entends parfois une personne dire "ça devrait être dénoncé !" ; ça veut dire qu'elle ne le fera pas, elle met un "point d'honneur" à ne pas dénoncer, même si la colère repose sur le sens du collectif !
En France, les mots "délation", "dénonciation" sont chargés négativement , probablement à cause de ce qu'il s'est passé pendant la deuxième guerre mondiale ; dénonciation des communistes, des juifs, des résistants ... auprès des occupants, de la police française ou de la gendarmerie nationale ...
Dénonciation ! Est ce que les nouvelles générations vont conserver cette aversion pour le mot et le geste ? On voit par exemple de temps en temps des panneaux "Voisins Vigilants" à l'entrée de petites communes... je doute que c'était un truc possible dans les années 60-70...
Paraît que dans d'autres pays , en Suisse notamment, la "dénonciation" n'a pas ce côté péjoratif, au contraire ! On n'hésite pas à dénoncer son voisin s' il tond sa pelouse en dehors des jours et heures autorisés ou s'il démonter le FAP de sa voiture pour pouvoir rouler à l'économie par exemple...Faut dire qu'en 39-45, la suisse était neutre, ceci explique peut-être cela ?
P.S. y'a des comportements encore plus inquiétants en ce moment, des gens exerçant une profession de santé reçoivent des menaces anonymes de la part de gens habitants dans le même immeuble...
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Qu'est-ce, en effet, le plus souvent, que ce prétendu bon sens ? Rien d'autre qu'un composé de postulats irraisonnés et d'expériences hâtivement généralisées. Marc Bloch, historien
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