Un crime!

papyvelo Dim 12 Aoû - 10:06

Pardon ! mille fois pardon ! Mais qui pourra me pardonner ce crime atroce, ce crime d’autant plus impardonnable qu’il a été commis par un enseignant, un amoureux des belles phrases, un passeur de mots, celui qui est censé transmettre le savoir, de donner le goût de la lecture. J’ai détruit, non pas un, ni deux, ni trois, mais six livres, six gros livres, six tomes d‘une encyclopédie que nous avions achetée, Eveline et moi, à un représentant qui passait dans les écoles à la récréation et qui présentait ses collections. Nous avions été séduits par cette encyclopédie qui réunissait tout le savoir, toutes les connaissances du moment. Nous l’avions payée par mensualités en deux ans. Nous en étions fiers ! Elle trônait sur une étagère puis, quand nous avions été plus aisés, dans une bibliothèque pour que chacun puisse y avoir accès facilement. Nous la consultions souvent, pour vérifier l’orthographe d’un mot, pour en chercher le sens, pour situer un pays, retrouver une date, connaître la vie d’un homme illustre… C’était un compagnon de chaque jour, un ami à qui l’on pouvait demander un renseignement et qui ne nous décevait jamais.
Et puis, l’autre est arrivé ! avec son écran et son clavier. Son savoir universel, ses mises à jour régulières, jamais pris en défaut, quoi que vous lui demandiez, il a réponse à tout. Maudit Internet, puisqu’il faut bien l’appeler par son nom. En un éclair il vous donne la réponse, que dis-je la réponse ? les réponses, avec des précisions, des digressions, des citations…
Nous avions de moins en moins souvent recours à notre amie, l’encyclopédie. Elle vieillissait, ses réponses n’étaient plus toujours complètes, elle n’avait pas suivi le cours du temps, parfois même, elle ne pouvait répondre à nos interrogations. La poussière s’incrustait dans ses pages, elle se languissait. Je passais parfois ma main sur son dos comme à un ami cher que l’on sait condamné. Elle devenait encombrante. Il a fallu nous résoudre à s’en séparer. Nous avons cherché à la placer, chez quelqu’un de bien qui la soignerait, qui lui rendrait visite, qui lui parlerait ! Nos petits-enfants n’en ont pas voulu, « On a Internet, Papy ! », nos jeunes voisins nous ont fait la même réponse. A la médiathèque, en qui nous fondions nos derniers espoirs, le couperet est tombé, net, sans équivoque « A la poubelle jaune ! ».
Alors j’ai commis ce crime, mes mains en sont encore toutes tachées, mélange de poussière et de larmes. Honte à moi ! je ne vaux pas mieux que ces jeunes nazis qui brûlaient les livres dissidents sur les places des villes.
Qui me pardonnera ?
Toi qui me lis, me pardonneras-tu ?

gregoryg Dim 12 Aoû - 12:42

Ma fille de 18 ans (La "tete" de la famille ??), en est à sa 3ème bibliothèque, elle "avale" les livres (Et ça me coûte cher !!) , elle ne tiens ni de moi, ni de ma femme, elle pars en FAC à ARRAS pour être enseignante ! C'est elle qui corrige mes nombreuses fautes sur mes divers courriers, comme quoi, il y a encore des jeunes qui aimes les livres Wink

Si personne n'en voulaient, ne t'en veut pas Wink

Un crime!

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