Chroniques du Tour

papyvelo Dim 8 Juil - 16:13

1° étape

1964, Eveline et moi, à bord de notre petite 2 CV, récemment acquise d’occasion, partons vers l’île de Noirmoutier, but de nos vacances. Jeunes mariés, beau temps, pas riches mais pas dans le besoin, la vie nous tend les bras. Arrivés à Beaulieu-sur-Mer nous sommes tout surpris par une barrière qui nous interdit le passage. Il vous faudra patienter une bonne heure que la mer descende avant de vous engager, nous renseigne le responsable. Innocents que nous sommes, nous ignorions que le seul accès à l’île se faisait par une route immergée à marée haute et uniquement accessible 1h1/2 avant la marée basse et 1h1/2 après. Une fois la barrière levée, nous nous engageons sur ce passage pavé de grandes dalles de béton entrecoupées parfois de gros galets tirés tout droit de la mer toute proche. Très proche, même, ce qui nous inquiète un peu tandis que notre dedeuche s’aventure ainsi au milieu des flots. Il ne nous faut pas longtemps pour nous imaginer la Mer Rouge s’ouvrant sur le passage de Moïse et de son peuple élu. Des petits piquets délimitent le chemin et des refuges, semblables à des miradors, balisent les 4km de traversée.
Plus de 30 ans plus tard c’est à vélo que nous nous présenterons à l’entrée du passage. Cette fois pas d’attente car nous nous sommes renseignés sur l’horaire des marées. On s’engage sur la route défoncée, dalles disjointes, galets glissants pas encore secs de la mer qui se retire. Une carcasse de voiture abandonnée émerge peu à peu des flots qui viennent lécher nos roues. On se fait peur « et si on crève ? et si on casse sa chaîne ? et si on brise une roue ? et si… ». Mais nous voilà à Barbâtre de l’autre côté, les roues sur Noirmoutier. Ouf ! nous rentrerons par le pont tout nouvellement construit.